Lorsque j’étais encore adolescente et que j’ai choisi ma formation ostéopathique, je me suis naturellement tournée vers les écoles française. En 2000, la profession n’était pas encore reconnue: j’ai rencontré de nombreux ostéopathes ravis de me faire part de leurs procès pour pratique illégale de l’ostéopathie et de leurs six années d’études dans des écoles privées.
Ravie de ces rencontres, j’en ai fais le bilan à mes parents, qui m’ont répondu à peu près en ces termes: « Tu veux devenir ostéo, une profession non reconnue, aller dans une école privée hors de prix, pour obtenir une feuille de chou sans aucune équivalence, pas de niveau universitaire et avec un niveau bac +0? »
Je me suis donc tournée vers les ostéopathes de ma ville ayant des histoires différentes: un kiné devenu ostéo, un ostéo double-cursus franco-anglais et un autre ayant fait toutes ses études en Angleterre. A ce moment là, j’avais une idée fausse de la masso-kinésithérapie: je ne connaissais que les kinés de villes qui massaient des personnes d’un certain âge deux fois par semaine jusqu’à ce que mort s’en suivre. Cela ne me passionnait pas. Si j’avais rencontre des kinés hospitaliers, qui ont un champ d’action spécifique, des résultats et une autre philosophie de travail, j’aurais peut être envisagé cette carrière. Mais faire ces études, masser des fesses puis bosser le soir et le week-end pour devenir ostéo ne semblait pas me convenir.
Les ostéos à double cursus ne m’ont pas plu non plus, cela me semblait trop long et trop compliqué et voulait dire que pendant mes études en France, je vivrais chez mes parents (que j’adore) mais je me voyais plutôt étudiante épanouie qui rentre à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit (et mes parents aussi).
Directement le portail d’information, « UCAS » pour trouver tous les cursus anglais dans les meilleures universités du Royaume-Uni. A ce moment, trois écoles étaient recensées. J’ai contacté ces écoles, j’ai reçu un accueil impeccable et j’ai été invitée à visiter les campus. Une fois sur place, je suis tombée amoureuse de Londres (pas Maidstone), de la vie étudiante, des écoles, des étudiants… et mes parents ont apprécié le professionnalisme, la reconnaissance professionnelle, les opportunités universitaires et les petits boulots pour payer les études!
Je suis allé me former à la BCNO (maintenant BCOM) dans ces locaux centenaires, les professeurs aux cheveux blancs et cette ambiance sérieuse que je cherchais. J’ai vu la bibliothèque ostéopathique, la bibliothèque universitaire, le campus, les possibilités et la ville de Londres: sublime! Pour convaincre mes parents, le Bachelor de Science (bac +3) reconnu en Europe, la possibilité de Master (bac +5), la facilité pour revenir en France… nous sommes tombés d’accord. N’ayant que 17 ans lors de mon déménagement à Londres, j’étais paralysée: étant mineure, je ne pouvais pas avoir de compte en banque, de téléphone portable, d’appart … nous avons trouvé des solutions adaptées et j’ai fais ma rentrée! Quatre ans plus tard, mon diplôme en poche, et l’inscription au GOsC, le monde m’a ouvert ses portes! L’inscription à l’ordre des ostéopathes du Royaume Uni est le Saint Graal pour pratiquer et passer les équivalences dans de nombreux pays (notamment anglophones).
Ce n’est pas le cas des jeunes qui sortent des écoles en France. Heureusement la législation a avancé, mais les jeunes diplômés ostéopathes français n’ont pas ces opportunités. Pour un français, venir pratiquer au Royaume-Uni est un parcours du combattant. Pour ceux qui le souhaiteraient, j’ai interviewé une diplômée du CEESO Paris qui a combattu pour obtenir son « agrément » GOsC.
Bonjour, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions !
Etant ma première intervieweuse, c’est donc avec plaisir que je vais essayer de répondre à tes questions !
Peux-tu nous décrire ton parcours ostéopathique depuis ton choix d’école, ta sortie et ce que tu as fait depuis? (école, motivations)
Mon parcours ostéopathique a commencé par l’intégration du CEESO Paris.
Soucieuse d’intégrer une bonne école, j’ai arpenté la quasi-totalité des écoles d’île de France afin d’en trouver une solide et réputée. Grace à la transparence de son programme et les dissections dispensées à l’université de médecine Paris Descartes, mon choix s’est porté sur le CEESO Paris.
À l’obtention de mon diplôme il y a bientôt 2 ans, j’ai été contactée par le directeur d’OstéoEntreprise/Néoforma afin de devenir l’ostéopathe attitrée chez Samsung et Google France où je continue d’exercer. Également, je suis intervenante pour des formations en entreprise sur les troubles musculo-squelettiques.
En parallèle j’ai commencé par un premier assistanat à Rueil-Malmaison, puis à Chartres ; et je débute maintenant dans un cabinet à Paris, en collaboration avec un kinésithérapeute spécialisé dans les sportifs de haut niveau.
Avec des amis de l’école, nous avons monté une association sportive –ActiveOsteo- qui propose l’intervention d’ostéopathes sur des évènements sportifs.
Ce planning me permet d’avoir des semaines stimulantes, évitant la monotonie du cabinet. J’aime intervenir sur différents endroits, ceci me permet d’avoir une patientèle diversifiée et de découvrir des gens de différents horizons.
(En tant qu’étudiante, j’ai eu le droit à des discours terrifiants sur l’avenir des ostéopathes en France ; aux conditions difficiles d’installation, de création de patientèle et j’en passe. Je ne vais donc pas y aller par 4 chemins, oui la sortie d’école n’est pas rose et cela entraine des moments de doute. Mais si vous êtes motivés, que vous aimez votre métier et que vous êtes un minimum doué -quand même-, rien ne vous arrêtera !)
Quelles sont tes centres d’intérêts ostéopathiques ? (sport, bébé, …) ou qu’est-ce qui te plait dans la pratique de l’ostéopathie ?
Étant amoureuse de mon métier et de nature curieuse, je dois dire que tout me plait dans la pratique ostéopathique !
J’apprécie traiter tout type de patient et d’autant plus de pouvoir les soulager à ma mesure.
J’ai donc effectué des formations diplômantes pour la prise en charge des sportifs (Université de médecine de Bordeaux), de K-tape, de posturologie… Notre métier exige que nous connaissions et comprenions le corps dans sa complexité –ça tombe bien, je ne me lasse pas d’apprendre.
Quelles ont été tes motivations pour te pencher vers le départ à l’étranger ? Quel est ton niveau d’anglais ?
De nationalité belge, j’ai beaucoup déménagé étant enfant ce qui m’a sans doute transmis le syndrome de la bougeotte. J’ai d’abord pensé à un retour au pays, où l’ostéopathie y est bien mieux réglementée et reconnue par l’état. Puis je me suis rendue compte que je souhaitais aller dans un pays où l’ostéopathie pouvait être développée.
Je pense que mon désir d’expatriation s’est renforcé par deux choses : la complexité du système français qui a actuellement tendance à freiner toute ambition ; et mon rêve de vivre en tongues.
Je suis fluent en anglais ; je pense que ceci s’explique par une partie de ma scolarisation au Lycée Français de Bruxelles où le niveau de langue est nettement plus élevé qu’en France (sans rancune).
Quels pays t’ont tenté et pourquoi ?
Je suis attirée par Singapour et l’Angleterre.
L’Asie car il y a énormément de choses à développer au niveau ostéopathique avec un cadre de vie dépaysant; L’Angleterre et tout particulièrement Londres car j’adore cette ville, l’ostéopathie y est considérée, bien réglementée et encore une fois pour la simplicité de leur système.
Quel a été ton parcours pour obtenir une équivalence au Royaume-Uni ?
L’obtention de l’équivalence anglaise de diplôme m’a pris environ un an. Je suis d’abord entrée en contact avec le GOsC qui m’a envoyé toutes les démarches à suivre. Le parcours s’effectue en 4 étapes :
1-Analyse de votre profil, de vos résultats scolaires sur 5 ans et du programme de l’école dont vous êtes diplômés (si vous sortez d’une mauvaise école vous êtes éliminés à la première étape). Si vous êtes acceptés, vous avez le droit de passer à la 2ème étape ;
2- Examen écrit en anglais avec envoie de 50 fiches patients en anglais
3- Oral : prise en charge de 2 patients dans la clinique de la BSO à Londres devant un jury de 2 ostéopathes anglais avec pour chaque patient un débriefing devant un jury de 3 personnes ; cet examen s’apparente au clinicat.
4-Analyse de vos résultats aux 3 précédentes étapes et de votre casier judiciaire.
Afin de mettre toutes les chances de mon côté, j’ai pris des cours d’anglais médical pour préparer l’examen oral. Si vous souhaitez vous investir dans cette aventure, je vous conseille vivement de d’abord travailler votre niveau d’anglais.
Etait-il aisé de trouver des informations sur la marche à suivre ? Où as-tu trouvé les informations nécessaires à tes démarches ?
J’ai facilement trouvé l’ensemble des informations sur le site du GOsBC –General Osteopathic British Council http://www.osteopathy.org.uk/home/ – à la rubrique « Training and Registration » puis « How to register with the GOsC ».
J’ai envoyé un mail à l’adresse indiquée et ai obtenu une réponse rapide m’indiquant les démarches à suivre pour commencer la procédure. Le GOsC est très efficace pour cela.
Quelles ont été les plus grandes difficultés que tu as rencontrées au cours de tes aventures ?
Les plus grandes difficultés ont été la patience d’attendre la validation entre chaque étape, ce qui n’était clairement pas une de mes qualités quand j’ai commencé cette aventure.
Également, chaque document envoyé devait être accompagné de sa traduction assermentée en anglais, ce qui coûte extrêmement cher.
L’écrit a été de loin l’épreuve la plus difficile.
A tous les aventuriers souhaitant se lancer : armez vous de patience, volonté et détermination !
Quels ont été les meilleurs moments ?
Les meilleurs moments ont été le courrier m’annonçant la validation de mon oral, puis le courrier final m’annonçant que j’étais enregistrée auprès du GOsC et que je pouvais exercer à l’étranger. Après un an, mon rêve devenait réalité; j’ai eu du mal à réaliser…
Je remercie encore une fois tous ceux qui ont cru en moi et m’ont aidé à déboucher le champagne.
Et la suite, tu l’envisages comment ?
La suite je l’envisage en tongues en Asie ! Et pourquoi pas un jour l’Angleterre…
Merci !
Pour en savoir plus sur l’expatriation, cliquez sur la rubrique « s’exporter en tant qu’ostéopathe ».
Belle article.
Zacharie Cressac
http://www.osteomassage.fr
Merci!
Merci pour cet article. Pour être ostéopathe à Singapour, il faut donc avoir le diplôme anglais ?
Bonjour. Merci pour votre commentaire. Je ne suis pas certaine de la législation actuelle, il faudrait se renseigner précisément pour avoir une idée actuelle.