Ostéopathie – Marjolaine Dey https://marjolainedey.com Ostéopathie Sat, 07 Mar 2020 21:23:09 +0000 fr-FR hourly 1 Prévention et traitement de la plagiocéphalie positionnelle https://marjolainedey.com/perinatalite/prevention-ttt-pp/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=prevention-ttt-pp https://marjolainedey.com/perinatalite/prevention-ttt-pp/#comments Thu, 01 Oct 2015 12:28:07 +0000 http://marjolainedey.com/?post_type=conseils_post_type&p=744 Cet article Prévention et traitement de la plagiocéphalie positionnelle est apparu en premier sur Marjolaine Dey.

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La plagiocéphalie, ou crâne plat du bébé, est un terme qu’on entend souvent, mais peu de professionnels semblent s’y intéresser. Pourtant, de nombreuses recherches montrent que cette déformation pourrait avoir des conséquences sur le développement de bébé. Cet article décrira sa définition, ses causes, la prévention, la prise en charge de cette déformation du crâne de bébé et le rôle de l’ostéopathe.

Mise à jour 2020: recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de Santé, voir mon article sur le sujet ici

Définition

La plagiocéphalie positionnelle est un terme médical qui signifie un aplatissement du crâne. On l’appelle aussi syndrome de la tête plate. La plagiocéphalie affecte en premier lieu l’apparence du crâne: il s’aplatit à l’arrière ou sur un côté, puis les oreilles deviennent asymétriques et parfois c’est les traits du visages qui changent. Il peut en découler un développement irrégulier de la tête et du visage du bébé. (Source: About Kids Health Canada)

Il existe plusieurs types de déformations crâniennes positionnelles, comme la plagiocéphalie occipitale, la brachycéphalie et la dolicocéphalie. Ces termes un peu barbares permettent aux professionnels de santé de décrire l’aspect du crâne. Il ne faut pas confondre ces déformations positionnelles avec les craniosténoses (déformations du crâne causés par des anomalies d’ossification du crâne) qui méritent une attention chirurgicale urgente.
Les pédiatres examinent les bébés avec soin à la maternité et durant la visite de contrôle après le premier mois de vie afin d’exclure l’éventualité de la craniosténose. Cet article discute des cas qui ne nécessitent pas d’attention chirurgicale immédiate et dont l’apparition peut être prévenue et soignée par des conseils positionnels et un traitement en thérapie manuelle. Si vous avez le moindre doute sur le crâne de votre bébé, consultez votre pédiatre ou médecin de famille.

Les parents remarquent parfois l’apparition d’une déformation progressive après la naissance, avec un bébé qui semble regarder toujours dans la même direction.

Les causes

Lors des premiers mois de vie, le crâne des petits d’hommes est très souple, ainsi il peut changer de forme en fonction du positionnement du bébé dans son quotidien.

Les torticolis (ou difficulté pour tourner la tête des deux côtés), le couchage systématique sur le dos et l’utilisation de matériels de puériculture mal adaptés semblent être les trois principales causes de l’augmentation des déformations positionnelles des crânes de nos bébés.
Heureusement, seul un nombre restreint de bébés seraient concernés (environ un sur dix).

Les facteurs de risque

Liste non exhaustive des facteurs de risques (références: Oh Ak 2009, Pogliani 2011, Marck 2015)

Pendant la grossesse:
– sexe masculin;
– premier bébé;
– gros/grand bébé;
– grossesse gémellaire/multiple;
– tête engagée dans le bassin tôt dans la grossesse, positionnement bas du bébé;
– contractions fréquentes pendant la grossesse.

A l’accouchement:
– accouchement long;
– beaucoup de poussées;
– utilisation de certaines manœuvres obstétricales (rotations forcées de la tête de bébé, pression sur le ventre de la maman…)
– utilisation d’instruments;
– fracture de la clavicule.

Trois premiers mois de vie:
– prématurité;
– position couchée sur le dos, peu de temps d’éveil sur le ventre ;
– position préférentielle de la tête, présence d’un torticolis ;
– position pendant l’allaitement (sein et biberon);
– retard de développement, hypotonie;
– problématiques orthopédiques: pied valgus, problèmes de hanches;
– utilisation non adaptée de certains matériels de puériculture (exemple: sommeil dans un transat, périodes longues et répétées en cosy/siège auto, surface de couchage trop dure ou trop molle…)

Prévention

Des conseils simples permettent de prévenir l’apparition des têtes plates. Quand une déformation est avérée, je vous conseille de consulter un professionnel bien formé, qui pourra vous donner des indications personnalisées pour aider votre bébé.
Si vous voyez que le crâne de votre bébé se déforme, ne vous contentez pas d’un simple « ça va passer » – car cela ne passe pas simplement avec le temps.

L’essentiel est d’alterner les appuis crâniens, afin que le même endroit du crâne ne soit pas sur-sollicité. Si votre bébé semble positionner sa tête toujours du même côté, organisez vous pour l’attirer du côté où il ne tourne  pas la tête. Repérer les éléments de votre quotidien qui attirent le bébé toujours du même côté et faites de votre mieux pour les modifier. Parlez-en aux personnes qui s’occupent de votre bébé dans la journée (assistante maternelle, crêche, grand-parents)

Voici quelques conseils tirés d’un site Canadien.
« Si votre bébé préfère ne regarder que dans une seule direction, encouragez-le à regarder vers une direction de moindre intérêt jusqu’à ce qu’il regarde de façon égale dans les deux directions. Voici, entre autres, ce que vous pourriez faire:

  • Pendant la période de jeux, utilisez des jouets de couleur vive pour l’encourager à regarder dans une direction qui l’intéresse moins.

  • Lorsque vous tenez votre bébé, tenez-le de façon à l’encourager à regarder dans une direction qui l’intéresse moins.

  • Si le berceau de votre bébé est contre le mur, couchez votre bébé avec sa tête vers la tête du lit ou vers le pied du lit, en alternant chaque nuit. Les bébés préfèrent regarder vers la chambre ou une fenêtre plutôt que le mur.

  • Si le berceau de votre bébé n’est pas contre le mur, placez un jouet de couleur vive et sans danger dans le berceau de façon à l’encourager à regarder dans une direction différente chaque nuit. »

Observer régulièrement le crâne de votre bébé: son visage et son crâne. Regardez le de profil et surtout en vue « du haut » pour avoir plus de recul sur la forme de sa tête. Celle-ci devrait être en forme d’œuf. Demandez à un proche qui ne voit pas votre bébé au quotidien les observations qu’il peut faire, le recul permet d’être plus objectif.

La plagiocéphalie positionnelle est fréquemment liée à un torticolis ou une habitude de rotation de bébé. Ces difficultés de mobilité peuvent requérir l’attention d’un thérapeute manuel: kiné et/ou ostéopathe.

Si vous avez le moindre doute, consultez. Ne vous contentez pas de la réponse banale « cela passera » ou encore « ce n’est qu’esthétique ». D’ailleurs, l’esthétique de votre bébé, enfant et futur adulte est importante.
Je suis disponible par mail (photos à l’appui, en vue du dessus s’il vous plait) si vous le voulez. Je préfère un mail « pour rien » plutôt que de passer à côté d’une déformation qui pourrait devenir permanente.

Prise en charge

Lors d’un rendez-vous chez un professionnel, un examen méticuleux de votre bébé devrait avoir lieu. Le crâne évidemment, pour repérer les zones de plat et de bosses ainsi que le reste du corps. Certaines personnes sont formées aux mesures du crâne: ces mesures (totalement indolores pour bébé!) aident dans le suivi des plagiocéphalies.
Il est important de faire également un examen de l’ensemble du corps: vérification de la rotation du cou, de la position préférentielle de bébé, de l’état des lieux du système digestif, des hanches et des pieds…

Les conseils de positionnement sont les plus efficaces avant 6 mois.

Si les déformations perdurent et dès 5 mois, la pose d’un casque peut être proposée. Ces casques ne sont pas remboursés par la sécurité sociale et sont très onéreux, c’est pourquoi la prévention est si importante!

Comment se déroule une séance au cabinet d’ostéopathie avec Marjolaine?

J’aime voir les bébés pour ce type de consultation durant le premier mois de vie, car les premières modifications peuvent être vues par un œil entrainé et les changements dans la vie quotidienne sont aisés pour les parents.
La séance commence par un entretien avec les parents, sur la grossesse, l’accouchement et les premières semaines de vie.

Ensuite, j’examine le bébé avec douceur et bienveillance, afin de prendre en compte les différents éléments biomécaniques. Je fais également une prise de mesures au niveau du crâne: l’indice crânien (calcul du rapport entre la longueur et la largeur du crâne, pour déterminer les proportions générales), les diagonales fronto-occipitales (mesure de l’asymétrie du crâne) et les distances naso-auriculaires (pour évaluer l’asymétrie du visage).
Ces différentes mesures me permettent d’évaluer la gravité de la déformation et de suivre l’évolution dans le temps.

Le nombre de séances dépendra directement du type de déformation, de l’âge du bébé et de la réactivité parentale. En effet, les parents peuvent avoir une action déterminante s’ils suivent bien les conseils de positionnement dans leur quotidien.

Que faire après 6 mois? et après un an?

Il existe des solutions, dont la thérapie par le casque. Un professionnel formé pourra vous orienter vers un pédiatre spécialisé et des orthésistes qui fabriquent les casques sur-mesure.
Plus le casque est utilisé tôt, plus grande sera l’efficacité.

Je suis disponible par mail pour répondre à vos questions: marjolainedey@gmail.com (joignez une photo en vue « du dessus » du crâne de votre bébé) et sur rendez-vous dans mon cabinet d’Avon (77)

Ça va se remettre tout seul?

C’est possible! Mais les études publiées sont plutôt pessimistes sur le sujet. Une des dernières études publiée sur le sujet en 2014 (Van Wijk RS et al) dans le British Medical Journal indique que sur un groupe de 40 bébés recrutés entre 4 et 6 mois de vie, avec des déformations crâniennes positionnelles modérées à importantes, seuls 23% retrouvés un crâne d’une forme normale. C’est à dire que trois quart des enfants gardaient une tête plate et/ou une asymétrie du visage à l’âge de 2 ans.

L’ostéopathie est-elle obligatoire?
(ou la question à 10 millions de dollars!)

Je continue à penser que l’ostéopathie n’est jamais obligatoire. Lorsque les professionnels qui voient l’enfant dés la naissance (puéricultrice, auxiliaire, sage-femme, pédiatre) donnent de bons conseils de prévention, qu’un éventuel torticolis est diagnostiqué et pris en charge par un kiné compétent, et si les parents sont bien entourés et bien conseillés, l’ostéopathie n’est heureusement pas nécessaire!
Mais dans ma pratique, je vois beaucoup trop de bébé dont les difficultés de mobilité n’ont pas été repérées, les parents n’obtiennent pas de réponses à leur question et les têtes plates sont souvent considérées comme un problème esthétique uniquement, donc secondaire.
L’accompagnement par un ostéopathe peut être bénéfique, car il saura donner des conseils personnalisés et prendre en charge le bébé dans de bonnes conditions s’il est bien formés aux techniques pédiatriques et aux dernières recherches sur la prévention de la plagiocéphalie.
Je conseille aux jeunes parents de faire une visite chez un ostéopathe dans le premier mois de vie. Il est facile d’utiliser le bouche-à-oreille et/ou de demander à sa sage-femme qui connaitra les noms des ostéopathes pour bébés ayant une bonne réputation dans votre région.

Les ostéos font des vidéos

Retrouvez toutes ces informations sur notre playlist YouTube dédiée à la périnatalité.

A lire:
– pour les parents: Mon bébé n’aura pas la tête plate
+ témoignage d’une maman ayant été confrontée à un échec thérapeutique: pédiatre, ostéo, kiné… 6 mois de recherche avant de trouver une solution avec le casque, son histoire ici. Une prise en charge précoce aurait évitée une si grosse déformation et le casque aurait été mis en place plus tôt. Aujourd’hui des fabricants de casques existent en France.
– plutôt pour les professionnels, un article de recherche avec biblio, texte complet en français: « Les têtes plates, pas vraiment un casse tête » Le médecin du Québec, 2011.
– Etude française sur le sujet du Dr. Cavalier
– Retards psychomoteurs en plagiocéphalie positionnelle: la recherche démontre que oui, résumé en français ici.

Références:

Van Wijk RS et al. Helmet therapy in infants with positional skull deformation: randomised controlled trial. BMJ 2014;348:g2741 Lien vers PDF
Pogliani L, Mameli C, Fabiano V et al. Positional plagio-
cephaly: what the pediatrician needs to know. A review.
Childs Nerv Syst 2011 ; 27 (11) : 1867-76.
Oh AK, Hoy EA, Rogers GF. Predictors of severity in defor-
mational plagiocephaly.J Craniofac Surg 2009 ; 20 (suppl. 1) :
685-9.
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Ostéopathie pédiatrique – émission Allo Docteur https://marjolainedey.com/perinatalite/allo-docteur2/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=allo-docteur2 https://marjolainedey.com/perinatalite/allo-docteur2/#comments Sun, 06 Oct 2013 20:00:05 +0000 http://marjolainedey.wordpress.com/?p=463 Cet article Ostéopathie pédiatrique – émission Allo Docteur est apparu en premier sur Marjolaine Dey.

Cette émission n’est décidément vraiment pas bonne pour ma santé, une précédente émission avait déjà occasionné un billet sur ce … Continuer la lecture

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Cet article Ostéopathie pédiatrique – émission Allo Docteur est apparu en premier sur Marjolaine Dey.

Cette émission n’est décidément vraiment pas bonne pour ma santé, une précédente émission avait déjà occasionné un billet sur ce blog.

Je vous explique, pour ceux d’entre vous qui n’ont pas eu la chance de voir l’émission Allo Docteur du 2 octobre 2013 (lien ici): Dr. Michel Cymes et Dr. Marina Carrère-d’Encausse ont invité Dr. Robert Cohen (pédiatre au centre hospitalier intercommunal de Créteil), Mme Catherine Rybus (ostéo pédiatrique) et Chrystelle Eychenne (« témoin » convaincue). Cette fois les présentateurs se montrent cordiaux, mais ont parfois du mal à conserver leur impartialité. Comme d’habitude, le gentil médecin invité se base sur le manque de preuves pour dire que l’ostéopathie n’a aucun effet, contrairement à la toute puissante médecine, qui elle peut prouver tout ce qu’elle fait.

Dr. Cohen, je suis allée vérifier vos sources.

Posadzki P, Lee MS, Ernst E. Osteopathic Manipulative treatment for pediatric conditions: a systematic review. Pediatrics 2013 Jul; 132(1):140-52 (abstract ici)

Premièrement, Dr. Cohen, la prochaine fois que vous citez un article scientifique dans un argumentaire, même à la télé, il est correct de citer au moins l’auteur et/ou la revue (pour faciliter la vérification par autrui) et de ne pas en déformer le contenu (même si ma profession n’a pas encore de code de déontologie unique, je connais quelques règles scientifiques de base). Deuxièmement, parlez de ce que vous connaissez: contrairement à ce que vous énoncez, cette étude n’est pas une méta-analyse, mais une revue systématique. La différence vous échappe peut être, à moi non.

Résumé de l’article

L’objectif de cette étude citée plusieurs fois par le Dr. Cohen est de chercher dans les bases de données principales les articles de type « Randomized Clinical Trials » (RCTs = Essais cliniques randomisés) avec au moins un groupe traité et un groupe contrôle (essais cliniques randomisés contrôlés), sur le sujet de l’ostéopathie pédiatrique, depuis la création de la base jusqu’en novembre 2012. En tout, 17 articles, soit 887 sujets, ont été retenus et classés selon les critères méthodologiques de Cochrane. Parmi ceux-ci:
– 7 articles montraient que l’ostéopathie chez l’enfant était bénéfique dans les cas suivants: symptômes asthmatiques, canaux lacrymaux bouchés, en néonat: prise de poids améliorée et durée d’hospitalisation réduite, colique infantile, otite.
– 7 autres articles montraient que l’ostéopathie n’avait pas effet significatif sur les symptômes asthmatiques, la scoliose idiopathique, l’apnée obstructive, les désordres temporo-mandibulaires et l’infirmité motrice cérébrale (cerebral palsy);
– 3 articles ne rapportaient pas de comparaison entre leurs deux groupes [2 articles étaient en fait une mise en place de protocole (réf 24 et 29); et un article concluait des résultats favorables à l’ostéo sans en apporter les chiffres (réf 15)]

Après vérification dans l’étudee en version intégrale, les articles datent de 1984 (1); 2003 (1); 2005 (2); 2006 (2); 2008 (5); 2009 (1); 2010 (3); 2011 (1); 2012 (1). Je n’ai pas eu le temps, ce soir, de relire tous ces articles, je m’en excuse… Je n’ai lu que cet article de Posadzki et al, qui est très bien construit – je le recommande aux étudiants en ostéopathie qui souhaitent réaliser une revue de la littérature (la méthodologie est très bien détaillée). Il n’est malheureusement pas disponible gratuitement en texte intégral, mais vous le trouverez dans les bibliothèques universitaires.

Cette revue comporte 15 articles cliniques (car deux des 17 sont des protocoles et non pas des RCTs) dont 8 articles ayant des résultats significatifs en faveur de l’ostéopathie. Il y a donc dans cette revue une majorité d’articles cliniques dont les résultats sont favorables à l’ostéopathie, même si le nombre de patients est insuffisant pour conclure de manière définitive. Les auteurs concluent qu’actuellement, les données ne sont pas suffisantes pour conclure.

Critique de la recherche

Je résumerai ici quelques points négatifs communs à de nombreuses études ostéopathiques, tirés de l’article du jour. Seules 3 des études avaient un effectif suffisant. En ce qui concerne l’utilisation d’un groupe placébo, seules 4 études en ont utilisé, mais deux de celles-ci ont été jugées comme « non crédibles » par les auteurs de cet article (références 16 et 19); quant aux deux autres études, l’une montre que l’ostéo est plus efficace qu’un placébo, l’autre le contraire. Les auteurs évoquent également le problème des critères de jugement (toujours différents), la paucité de la méthodologie statistique, la variabilité des techniques utilisées (lorsqu’elles sont décrites) ainsi que la fréquence, la durée et le nombre de traitements.

Dans ces conditions, une méta-analyse est impossible: premièrement parce qu’il n’y a simplement pas assez de données, deuxièmement parce que ces données ne sont pas de bonne qualité, troisièmement parce que les données sont absolument hétérogènes et donc les critères essentiels à la mise en place d’une méta-analyse ne sont pas réunis, n’est-ce pas Dr. Cohen.

En ce qui concerne les effets indésirables, toutes les études rapportant ces effets ont montré qu’il n’y avait pas d’effet indésirable… Sauf que moins de la moitié des études l’ont fait, soit 46%. Les auteurs des autres études n’ont pas jugé bon de vérifier la possibilité d’effets indésirables ou de publier sur le sujet.

Les auteurs suggèrent de suivre les ligne de conduite CONSORT afin de mettre en place une méthodologie rigoureuse et homogène des essais cliniques randomisés, comme par exemple recruter un nombre suffisant de sujets en fonction du calcul d’effectif prospectif, utiliser le double insu, mettre en place un suivi sur le long terme, utiliser des critères de jugement objectifs validés par la littérature et instaurer une comparaison grâce à un groupe contrôle.
Messieurs les auteurs, Messieurs-Dames les chercheurs en ostéopathie, j’ai le regret de vous annoncer qu’à cause d’un manque absolu de moyens, de structures et de législation, il est actuellement impossible en France de mener à bien un projet en ostéopathie pédiatrique (notamment sur les bébés de moins de 6 mois). De plus, il n’y a actuellement aucun critère de jugement objectif validé spécifique à l’ostéopathie (ne me parlez pas du SOAP Note Form, vaste supercherie ostéopathique). Qui plus est, je lance le défi à quiconque aura lu ce billet de m’expliquer comment mettre en place une étude en double aveugle dans le domaine de la thérapie manuelle.

Restons modestes

Les auteurs modèrent ensuite leurs propos, car il est important de le faire: tout d’abord, ils signalent qu’il est possible que certains articles publiés ait échappé à leurs recherches. Ensuite, ils déclarent ne pas pouvoir faire de comparaisons statistiques entre les études, à cause de l’hétérogénéité de celles-ci. Sans oublier que le biais de la publication est un facteur important qui pourrait, soit exclure des études ostéopathiques de revues à haut niveau de preuve, soit écarter des études montrant des résultats non significatifs (en effet, les revues préfèrent, en général, prouver que quelque chose fonctionne, plutôt que de prouver que cela ne fonctionne pas… sauf dans le cas de l’ostéo!). Dernièrement, les articles étudiaient de nombreuses conditions pédiatriques différentes, ainsi les auteurs admettent qu’il est absolument impossible d’en tirer des conclusions définitives, et que leurs conclusions ne sont pas tirées avec « autant d’assurance qu’ils les auraient aimées », en VO: « (…)thus, our conclusions cannot be as confident as we would have liked them to be »

Conclusions: aucune conclusion ne peut être tirée, donc « jusqu’à preuve du contraire, l’ostéopathie ne peut être considérée comme une thérapie efficace dans les conditions pédiatriques, et les ostéopathes ne devraient pas prétendre le contraire » – ce qui donne en VO: « Until such data are available, OMT cannot be regarded as an effective therapy for pediatric conditions, and osteopaths should not claim otherwise ».

Belle impartialité!!! Je n’ai, pour l’instant, jamais rencontré ce genre de remarques déplacées dans une revue à haut niveau de preuve.

Critique de l’article

Les auteurs soulignent le fait que les articles publiés par des non-ostéopathes sont systématiquement défavorables à l’ostéopathie, alors que ceux qui sont publiés par des ostéos sont systématiquement favorables… Un joli biais de publication.

En décortiquant l’article, on se rend compte que les auteurs ne sont pas très objectifs dans leur démarche: des 17 articles choisis, plusieurs n’auraient pas du être sélectionnés (notamment deux protocoles, deux articles introuvables – les auteurs se sont basés sur la lecture de l’abstract – et l’étude de 1984 qui aura 30 ans l’année prochaine n’est pas comparable aux autres). Au final, on se retrouve avec si peu d’articles qu’une revue systématique de cette ampleur n’aurait pas été sélectionnée à la publication.
Les articles décrivent des maladies très différentes (de la prise de poids en néo-nat à la fonction respiratoire des adolescents avec scoliose), les catégories d’âges allant des grands prématurés à de jeunes adultes de 17 ans.

Pour faire une comparaison, je suggère que nous écrivions un article sur « l’efficacité de la prise en charge médicale des maladies pédiatriques: une revue systématique ». Nous pourrions sélectionner des articles sur cette dernière année (parce qu’il y a beaucoup de publications), des nouveaux-nés aux jeunes adultes, en passant par les maladies génétiques, squelettiques et autres affections généralement traitées par un pédiatre. Je doute que les résultats soient favorables à cette médecine qu’on appelle pédiatrique: lorsqu’on souhaite prouver quelque chose et qu’on y met suffisamment de mauvaise foi, on y arrive systématiquement.

Je ne comprends pas comment un article aussi pauvre peut trouver sa place dans une revue aussi prestigieuse (la plus citée en pédiatrie, deuxième impact factor le plus haut en médecine pédiatrique) et ensuite être utilisé par des personnes qui ne l’ont clairement pas décortiqué. Afin d’éviter toute situation gênante, surtout si vous êtes interviewé à la télé, je vous conseille de lire un article entièrement avant de le citer…

Conclusion

Donc cet article montre qu’il n’y a pas assez d’études pour conclure, et non pas que l’ostéopathie n’est pas efficace. De plus, si vous souhaitez que nous vous donnions des preuves en double insu avec un placébo crédible et des critères de jugement tirés de la littérature, nous sommes cuits. La recherche telle qu’elle est faite aujourd’hui ne permet pas aux ostéopathes et autres thérapeutes manuels de prouver leur efficacité. Seul le modèle [imparfait] de l’intervention complexe pourrait nous aider, mais il n’est pas répertorié dans les guides de méthodologie de Cochrane (entre autres). Les études issues de ce modèle ne sont pas jugées « sérieuses ». Impossible pour nous de nous en sortir! 

Dr. Cohen: « [s’adressant aux ostéopathes] montrez-nous des études qui montrent que ça marche »
Réponse: C’est demandé si gentiment, pourquoi pas cette revue systématique sur la thérapie manuelle (dont l’ostéo) dans le cadre des maladies respiratoires pédiatriques (asthme, mucoviscidose et infections bronchiques), ou bien celles ci chez les adultes, de Licciardone (2005) ou Orrock et al (2013). Non, elles ne vous plaisent pas celles là? Vous ne retenez que celles qui disent que l’ostéo ne fonctionne pas.

A mon tour maintenant: montrez-moi où sont les preuves de l’efficacité de la kinésithérapie, pourtant remboursée par la sécurité sociale? Montrez-nous l’efficacité des traitements pédiatriques actuels… et l’habituel « laissez-faire, ça se remettra tout seul », c’est basé sur des preuves aussi? En fait, Dr. Cohen, la médecine telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui en France n’est en majorité pas fondée sur les preuves. Alors comprenez mon ras le bol, lorsqu’on me rabâche à longueur de journée que ma profession, officiellement reconnue en 2002 puis en 2006 n’aurait pas le droit de grandir, se développer et de prouver son efficacité.

L’ostéopathie est une profession jeune, notamment en France. Nous avons besoin de former les futurs jeunes diplômés pour qu’ils deviennent des ostéopathes compétents, mais également de bons consommateurs de littérature. Nous avons besoin de structures pour nous former afin de devenir de bons chercheurs et ainsi développer les études de haute qualité méthodologique nécessaires à la profession.

Je tiens à remercier Mme Catherine Rybus, qui a brillé par son intelligence et sa répartie. Merci d’avoir représenté la profession ostéopathique.

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Ostéopathie et grossesse https://marjolainedey.com/perinatalite/osteopathie-et-grossesse/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=osteopathie-et-grossesse https://marjolainedey.com/perinatalite/osteopathie-et-grossesse/#comments Tue, 22 Jan 2013 15:01:05 +0000 http://marjolainedey.wordpress.com/?p=203 Cet article Ostéopathie et grossesse est apparu en premier sur Marjolaine Dey.

Sujet difficile, voire tabou, la grossesse et l’accouchement restent un grand mystère pour tous, particulièrement les futurs parents. L’ostéopathie peut … Continuer la lecture

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Sujet difficile, voire tabou, la grossesse et l’accouchement restent un grand mystère pour tous, particulièrement les futurs parents. L’ostéopathie peut apporter des réponses, de la conception à l’accouchement, au suivi du nouveau-né et de la jeune maman.

La Maternité Selon Da Vinci

Le nombre de femmes enceintes venant consulter augmente chaque année: les symptômes principaux étant la lombalgie (douleurs dans le bas du dos), la dorsalgie (douleur dans le haut du dos), cervicalgie (douleurs dans le cou), les reflux acides, la constipation et les douleurs dans le bas ventre. Les séances d’ostéopathie semblent avoir un impact positif sur la future maman.

Des recherches ont été menées, notamment par le Prof. Licciardone (Licciardone et al, 2010), qui a publié une étude sur 144 femmes enceintes, qui ont vu leurs douleurs diminuer dans le groupe « ostéopathie » par rapport au groupe contrôle et au placébo.

Risque(s)?

Au cours des études sur le sujet, les chercheurs n’ont trouvé aucun risque supérieur chez les groupes de femmes enceintes traitées en ostéopathie, par rapport à une comparaison sans ostéopathie. Le risque zéro n’existe évidemment pas. Dans ma pratique de l’ostéopathie et par mon éducation anglo-saxonne, je préfère recevoir les femmes à partir du 2ème trimestre, simplement car le risque de fausse couche est le plus important dans les trois premiers mois.

J’ai évidemment déjà soulagé des femmes enceintes dans leur premier trimestre qui souffrait beaucoup (y compris ma très chère sœur, qui souffrait d’une double sciatique carabinée dés les premières semaines) en utilisant des techniques douces. Si les femmes peuvent attendre, elle sont en général d’accord pour prendre rendez-vous à partir du 4ème mois.

Pour moi, le débat est surtout éthique: imaginons qu’un ostéo soigne une femme enceinte, premier trimestre, et que dans les jours (ou les semaines) qui viennent, elle perd son enfant. Elle se posera toujours la question de la cause de cette perte: est-ce qu’elle ne s’est pas assez reposée? ou était-ce les hormones? une incompatibilité avec la vie? la séance d’ostéo? Je préfère faire attendre les femmes, afin qu’elles ne traversent pas cette épreuve douloureuse. Je peux leur conseiller des exercices à faire, une application locale de froid par exemple (non contre-indiquée pour les femmes enceinte) et surtout de demander conseil à leur médecin et/ou pharmacien.

Et l’accouchement?

Une étude de cas est en attente d’être publiée, une première mondiale, le suivi d’une femme pendant sa grossesse et pendant le travail jusqu’à l’accouchement! Grâce au travail du Dr. Smallwood, ostéopathe aux Etats-Unis, qui a suivi une femme à travers toute cette merveilleuse aventure de la grossesse. C’est une étude de cas, qui corrobore les résultats obtenus par une équipe allemande en 2010 (Nistler et al, 2010) sur 78 femmes primipares (première grossesse). Les résultats montrent une résultats cliniquement significatif, c’est à dire que le groupe « ostéo » a accouché plus vite (3 heures de réduction du temps de travail en moyenne), l’intensité de la douleur était de 37% moins élevé, il y a eu moins d’épisiotomies. En ce qui concerne les bébés, le score d’Apgar était inchangé (état du bébé à la naissance) mais il y a eu moins de complications dans le groupe ostéo. Le pH contrôlé dans le cordon ombilical a montré une meilleure santé des bébés dans le groupe « ostéo.

 

Les preuves dans la littérature

Les prématurés et grands prématurés obtiennent également des résultats lors d’une prise en charge ostéopathique précoce: prise de poids, rapidité de sortie de néo-nat… Tout ceci a été prouvé dans la littérature! Nous savons que l’ostéo a un impact positif sur le nouveau-né (Références à suivre, car en attente de publication d’une revue de littérature sur le sujet, dés que j’aurai une minute!)

L’allaitement semblerait également être facilité, la littérature sur le sujet est moins tranchée (Cornall, 2011) car il n’y a pas eu assez d’études sérieuses sur le sujet. Les données empiriques (dans mon expérience et ce que j’ai pu récolter d’autres professionnels) les ostéopathes ont parfois un rôle à jouer.

Les coliques infantiles

La définition des coliques surprend beaucoup de jeunes parents: rien à voir avec le ventre! C’est en fait un diagnostic qui suit la règle des trois: trois heures par jour, plus de 3 jours par semaine, pendant 3 semaines! Il y a beaucoup de littérature sur le sujet, la médecin allopathique soutient que 90% des cas est résolu à 4 mois. Mais comment attendre 4 mois de pleurs incessants lorsqu’on est parents?

L’ostéopathie peut apporter des solutions, dans certains cas, surtout si le suivi médical est insuffisant. J’apporterai plus de précisions sur le sujet dans un prochain post.

Bonne continuation aux Mamans, Papa, futur-Maman et futur-Papa, n’hésitez pas à commenter si vous avez des questions.
marjolainedey@gmail.com

 

Réferences:

Cornall D. A review of the breastfeeding literature relevant to osteopathic practice. International Journal of Osteopathic Medicine 2011;14(2):61–66

Licciardone JC, Buchanan S, Hensel KL, et al. Osteopathic manipulative treatment of back pain and related symptoms during pregnancy: a randomized controlled trial. Am J Obstet Gynecol 2010;202:43.e1-8.

Nistler G, Deutschmann U, Lenz D, Schwerla F. Osteopathy as a therapy during pregnancy: A randomised controlled trial. Oral Presentation Abstracts. International Journal of Osteopathic Medicine 2010;13:104–131

Smallwood CR, et al., Osteopathic manipulative treatment (OMT) during labor facilitates a natural, drug-free childbirth for a primigravida patient: A case report, International Journal of Osteopathic Medicine (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.ijosm.2012.10.005 (Article In Press)

 

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