« Tiens, quelques flocons. Avant que je ne puisse m’en rendre compte, le trottoir pourtant dégagé cette après-midi par les employés municipaux et les engins mécanisés devint blanc. Les locaux se pressent, certains courent – je ressens dans leur gestuelle une notion de panique. Je m’arrête, naïvement, pour regarder autour de moi. Le vent se lève. Je regarde vers le ciel: la neige s’est intensifiée. Je me remets en route, les yeux plissés car les flocons de neige m’agressent. Mes oreilles piquent. Mes joues brûlent. Plus que quelques minutes de marche. La progression devient plus difficile: il y a déjà un centimètre de neige fraîche par terre, immédiatement gelée au contact du revêtement congelé. Je ralentis le rythme, augmente mon polygone de sustentation (nous sommes en bonne compagnie) et adopte la démarche du « canard » qui réveille des courbatures dues au derniers jours passés à marcher sur le verglas et la neige. Il n’y a plus personne dans la rue, j’ai parcouru 300 mètres à peine depuis les premiers flocons.
Je me réfugie à l’intérieur d’une supérette, comme la plus part des badauds. Je déambule au hasard des rayons: le risotto est donc placé ici à côté des couches. La charcuterie à côté de la bière (logique) et les légumes (melon cantaloube, ananas, mûres: à mon avis le concept du locavore n’est pas encore arrivé jusqu’ici) sont dans le même rayon que les produits hygiéniques… J’achète une soupe de myrtilles à emporter et je retourne affronter les forces de la nature.
Un véritable blizzard. Je me couvre le visage au mieux, je mets ma capuche (heureusement que j’ai pris mon manteau spécial grand froid acheté à Guangzhou) et je continue à affronter la tempête. Je ne suis plus qu’à quelques centaines de mètres du chaud, du calme et du réconfort. Ce temps apprend la patience et l’endurance: cette après-midi j’ai profité du soleil qui brillait fort et faisait frondre la neige! Maintenant, il ne faut pas se presser, rester calme et progresser à son rythme en Finlande. » Souvenirs: en rentrant de ma 3ème journée de la semaine Internationale de la Metropolia, à Helsinki. 06/03/2013.
S’exporter en tant qu’ostéopathe: l’enseignement
Une fois qu’on a étudié, pratiqué et continué à se former, on peut éventuellement partager ses connaissances avec d’autres: des confrères, des collègues, des étudiants… (évitez la famille et les amis, ils ont déjà donné pendant vos études: « Tu sais, il y a plus de la moitié des os du corps humain uniquement dans les mains et les pieds? Tiens, à ton avis, combien de muscles sont requis pour sourire? »). Lorsqu’on commence à se sentir à l’aise avec ses compétences d’ostéopathe, quelques années d’expériences et si en plus vous êtes bon orateur; je vous conseille l’enseignement.
Écoles d’ostéopathie
L’avantage de l’inconvénient: autant d’écoles en France, il faut beaucoup de profs. Par forcément bien payés, ni bien formés (mais ça c’est un autre problème). En général, je vous conseille de contacter votre ancienne école et/ou les écoles les plus proches de chez vous pour savoir s’ils recrutent.
On commence logiquement en tant qu’assistant dans la majorité des écoles d’ostéopathie (certaines écoles proposent des postes d’enseignant dés votre première année, sans expérience de cours ni de cabinet, attention danger: votre nom ne doit pas être associé à une école de qualité incertaine) ou parfois tuteur de clinique (évidemment je ne vous conseille pas les écoles qui n’ont pas de clinique/dispensaire).
En général, les écoles recrutent de manière permanente. Les enseignants et assistants peuvent varier fréquemment (changement d’horaires d’un cours/emploi du temps, contraintes des professions libérales etc) donc il ne faut pas hésiter à contacter plusieurs écoles.
Les candidatures qui retiendront l’attention seront évidemment celles des praticiens ayant le plus d’expérience. Il est important de noter les formations que vous avez faite après le diplôme, afin de montrer votre dynamisme. Un intérêt pour la recherche et l’international est toujours un plus.
En ce qui concerne les candidatures, en général on peut trouver des informations sur le recrutement directement sur les sites des écoles. Je conseille toujours le trois-en-un: snail-mail (courrier par voie postal), e-mail et téléphone.
En environ 5 secondes en passant par Google, j’ai trouvé facilement un formulaire de recrutement sur la page d’accueil des CEESO (Paris et Lyon: attention, il faut être diplômé depuis au moins 3 ans pour postuler) ainsi qu’un billet d’information sur le site d’ISO Lille (pas de détail sur les compétences ou l’expérience).
Puis j’ai bien pris 5 minutes pour fouiller d’autres sites (COS, ESO, Ostéobio) mais je suis rentrée bredouille. Par contre je suis très fière d’avoir trouvé une annonce pour recrutement d’un « ostéopathe humain » – n’est-ce pas un peu discriminatoire pour les ostéos de type inhumains? – en tout cas, la page a eu le mérite d’être trouvée, pour du recrutement de formateurs dans une école d’ostéo équine et canine. Je ne connais pas les détails car je découvre l’existence de cette structure, c’est à titre d’information uniquement pour les ostéopathes du côté de Rouen!
Facultés
Il est possible de devenir vacataire à la Fac et ainsi de diriger des TD ou TP – je dirais simplement que la rémunération ne sera pas votre motivation principale. Rendez-vous sur le site Internet de la Fac la plus proche de chez vous, recherchez recrutement vacataire et renseignez-vous bien sur les différentes filières de la Fac: c’est en général l’enseignant-chercheur responsable de la matière ou le chargé de département qui recrute. J’ai déjà été vacataire à la Fac d’Evry, pour le département des langues – TD de méthode de recherche scientifique en anglais – que j’ai réussi à décrocher car j’ai un Bachelor de Science, que j’ai validé grâce à un mémoire. J’ai fais valoir cette expérience de recherche dans les bases de données (PubMed, Cochrane, Embase) et ainsi j’ai été choisie… par mail!
Je vous encourage à tenter l’expérience, surtout si vous vous êtes installés près d’une fac, même si vous n’êtes pas recruté, vous pourrez toujours faire parler de vous et peut être recruter des patients.
A l’étranger
C’est là que ça devient intéressant, pour moi il y a deux solutions: les échanges entre écoles/universités et la formation PG. Il est recommandé de parler une langue étrangère, mais ce n’est pas obligatoire car heureusement il y a les traducteurs pour nous aider! La formation via un traducteur peut être extrêmement difficile et pénible (pour tout le monde) car il est difficile d’interagir avec le groupe.
Pour ceux qui enseignent en France, il y a des réseaux spécifiques à l’enseignement supérieur permettent aux enseignants de poursuivre une « mobilité » c’est à dire se rendre dans un autre pays afin de diffuser leur(s) savoir(s). J’en connais deux très bien, pour les avoir utilisées:
Erasmus: non, ce n’est pas que pour boire trop d’alcool dans une fac lointaine! Les échanges Erasmus concernent également les profs. Je suis actuellement en mobilité à la Metropolia à Helsinki grâce à Erasmus et le CEESO Paris. Vérifiez que l’école dans laquelle vous êtes a validé la charte Erasmus (cahier des charges +++): j’ai googlé « école ostéopathie erasmus » et j’en ai trouvé plein! Les démarches européennes sont toujours difficiles, armez vous de patience (et dans mon cas de calissons, pour le coordinateur Erasmus de mon école)
OsEAN: association d’écoles d’ostéopathie européenne. Évidemment, votre école doit être membre du réseau – il n’y a que 3 écoles en France: les CEESO, l’IDHEO et l’ISO Paris.
Sans parternariat mais avec style: il est possible, par simple contact, de discuter avec des responsables d’écoles et de leur proposer une formation ponctuelle. Je vous invite à surfer sur le web pour découvrir les écoles qui vous intéresserez et leur proposer une intervention ponctuelle. Cette démarche est généralement effectuée uniquement par les ostéopathes-formateurs de haut niveau. Quoi qu’il en soit, c’est simplement par manque d’optimisme des autres! En ces temps difficile, il y a moins d’argent – c’est un fait – surtout que la majorité des structures de formation en Europe sont privées. N’empêche ça vaut la peine de tenter votre chance, si vous avez une expertise dans un domaine particulier.
Ensuite, il faut connaître des « bons plans« : il faut parler, réseauter, rencontrer… c’est ainsi qu’on se fait des contacts. J’en partagerai aujourd’hui deux avec vous:
– Semaine internationale de Metropolia: une fois par an, l’université de la Metropolia d’Helsinki, dont fait partie le seul département ostéopathie universitaire de Finlande (formation en 4 ans, ostéo en exclusivité) organise une semaine internationale. Pendant une semaine, des chercheurs, enseignants et professionnels viennent transmettre aux étudiants Finnois et étrangers qui font le déplacement pour l’occasion. J’ai discuté avec la coordinatrice Internationale cette après-midi, elle m’a dit qu’elle serait ouverte aux propositions faites par des ostéopathes « indépendants » qui ne dépendent pas d’une école ou université. Attention – cela signifie: aucun financement – mais la possibilité de dormir chez l’habitant (les organisateurs sur place peuvent proposer cette solution), la possibilité de rencontrer des personnes passionnantes et d’enseigner! Le meilleur moyen de se faire de l’expérience est encore le bénévolat… Profitez-en pour découvrir la Finlande: les saunas, le saumon à foison et le blizzard (voir début de ce billet). Contact via facebook par exemple ou directement à la coordinatrice internationale de « Health Care and Social Services« .
– Ostéopathie débutante: un de mes amis est enseignant en ostéopathie à la Fac de Swansea (GB) et chercher à rencontrer des personnes motiver pour aller chez eux donner des cours de manière ponctuelle. Plus difficile de manière prolongée, car il faut être accrédité GOsC pour pratiquer en GB. Pourquoi pas? Vous parlez italien? il y a de nombreuses écoles qui ouvrent leurs portes actuellement et cherchent des formateurs! Renseignez-vous!
En formation post-graduée
De la même manière, il y a des instituts de formation qui sont friands des « p’tits français » car nous avons la réputation au niveau européen d’avoir un excellent niveau en ostéopathie viscérale (merci, entre autres, Monsieur Barral). Tentez votre chance, la formation à l’étranger peut être vraiment enrichissante: d’un point de vue ostéopathique (rencontre avec d’autres professionnels qui ont souvent une approche différente).
J’ai été aider à animer une formation en Allemagne, par exemple, parce que j’ai des notions de bases dans cette langue germanique poétique et que je connaissais la copine de la soeur de la tante de la formatrice… Tout est une question d’opportunité. Sachez les créer.